Le départ de la course a été donné dimanche 15 mai dans la rade de Plymouth et au coeur de la circulation maritime : un ferry est même passé au milieu de la flotte juste après le départ !
Avec Clément nous prenons un bon départ et passons la bouée de dégagement en tête grâce à notre positionnement et à un dernier virement bien placé.
La première marque de parcours est Eddystone : un imposant phare au large de Plymouth. Nous partons ensuite au près en tribord vers les îles Scilly dans un vent de 20 noeuds. Nous virons de bord au large des Scilly et arrivons au Fastnet mardi en fin d’après-midi en 3 ème position.
La course s’accélère ensuite le long des côtes irlandaises avec un vent jusqu’à 30 noeuds et des rafales à 35 noeuds. Nous filons toute la nuit au portant, d’abord sous grand spinaker puis avec le spinaker moyen, c’est un grand moment de glisse avec des surfs à 18 noeuds !
Nous devons empanner souvent pour rester le long de la côte et éviter des plates-formes pétrolières. Je discute aussi pendant 20 minutes à la VHF avec un remorqueur russe qui traîne des câbles et des bouées sur 3.5 milles (6km), c’est une longue négociation pour savoir comment l’éviter en perdant le moins de terrain possible.
Nous arrivons au petit matin à Conninberg et avons le plaisir de constater que nous avons regagné une place dans la nuit : Renaud Mary et Laurent Mermod apparaissent quelques milles derrière alors que le jour se lève. Nous voilà donc 2ème et regonflés à bloc pour la dernière partie du parcours.
Cette journée de mercredi a été un long run sous spi à plus de 10 noeuds et nous avons bataillé sans relâche pour grapiller des milles aux premiers que nous pensions assez proches. Le vent a été assez oscillant et nous avons changé plus de 10 fois de spinaker pour rester suffisamment toilés.
A la fin de ce long bord le vent commence à mollir et nous sommes à 20 milles de Land’s end (la pointe de la Cornouaille) lorsque la fixation du safran tribord casse net. Nous affalons les voiles en catastrophe et passons une heure à démonter le safran. C’est un coup dur pour le moral car Renaud et Laurent nous ont doublé pendant l’arrêt et en continuant sur un safran il va être difficile de faire avancer le b ateau rapidement.
Une fois la situation à nouveau sous contrôle nous envisageons d’envoyer un spi mais Clément suggère que l’on observe ll’autre safran afin d’éviter de reproduire l’avarie. A notre grand désarroi la pièce babord présente la même faiblesse : elle est fissurée et prête à lâcher. Nous décidons donc de continuer à vitesse réduite mais la pièce lâche malgré tout! Nous sommes à quelques milles de la côte et notre capacité de manoeuvre est presque nulle. Immédiatement nous prévenons les Coast Guards anglais et l’organisation de course pour anticiper un éventuel remorquage.
Nous passons ensuite 1h30 à mettre en place un cordage pour ligoter la pièce et le tendre avec un tournevis selon la méthode du “ridoir portugais”. Le résultat nous semble satisfaisant et nous continuons donc notre route à vitesse réduite.
Cet épisode nous a bien secoués car il nous fait chuter dans le classement et nous a empêché de dormir pendant de longues heures.
Nous arrivons en début de soirée à Plymouth en quatrième position et c’est tout de même un succès car nous avons fini sans assistance. La course est validée et je peux m’inscrire à la Mini-Transat !