Si les cinq premiers jours de la Transat AG2R La Mondiale ont été éprouvants physiquement pour les marins, les trois prochains jours se joueront dans des conditions bien plus calmes certes, mais tout aussi éprouvantes nerveusement. Gwénolé Gahinet et Paul Meilhat progressent actuellement dans une dizaine de nœuds de vent, un léger flux de Nord-Nord-Est qui devrait encore s’essouffler au fil des heures d’ici le passage de La Palma aux Canaries. Le moral et la motivation de l’équipage restent néanmoins au beau fixe : « Il faut prendre les choses avec philosophie. Pour le moment, les conditions ressemblent un peu à de l‘alizé, c’est agréable » lançait ce matin Paul Meilhat lors de la vacation officielle.
Cap au Sud
Sur la route de l’archipel des Canaries distant d’environ 300 milles (555 km), les 14 concurrents s’étalent ce vendredi sur environ 50 milles d’Est en Ouest. Le Figaro Bénéteau Safran-Guy Cotten est en milieu de flotte, légèrement décalé à l’Ouest. « La nuit a encore été sensible car nous avons dû déclencher plusieurs empannages. Nous sommes concentrés sur nos fichiers météo mais nous surveillons aussi nos camardes de jeu comme Interface Concept que nous voyions hier soir sur l’AIS. La journée, nous recevons les positions des autres bateaux mais pas la nuit, cela permet de jouer un peu plus mais c’est aussi plus stressant. En tout cas, les derniers fichiers météo nous confortent dans notre position, » explique Gwénolé.
Les copains du bord
Après cinq jours de course et presque 1 000 milles (1 852 km) avalés à la vitesse grand V, Paul et Gwénolé ont trouvé leur rythme et leurs marques. « Nous commençons enfin à respecter nos horaires de repas. Hier, nous nous sommes régalés avec un poulet rôti aux coquillettes et un confit de canard au boulgour. Nous avons aussi du pain, du fromage, je n’arrête pas de grignoter, » confie Gwénolé qui savoure également une petite hausse des températures. « Le ciel est encore gris mais nous avons enlevé nos bonnets la nuit et nous naviguons avec une petite polaire et un ciré. Cela fait du bien ! » Organisé en quart de trois heures, le duo arrive enfin à s’octroyer des tranches de 1h30 à 2 heures d’un sommeil réparateur. La voix claire et enjouée du marin en dit d’ailleurs long sur l’ambiance qu’il règne à bord. « Je suis vraiment très heureux d’être dans le match. Avec Paul, nous nous entendons très bien et nous continuons à nous découvrir. Nous échangeons beaucoup sur la météo, mais nous discutons aussi de beaucoup d’autre chose. Nous avons même écouté de la musique pour la première fois, l’album de Jack Johnson. »
A La Palma dimanche après-midi
Avec ce petit système dépressionnaire installé sur les Canaries qui génère du vent faible et instable, les prochaines heures de course s’annoncent complexes mais peut-être décisives. Ce sera bien évidemment l’occasion pour les équipages de faire les comptes mais l’objectif reste avant tout de réduire les écarts avant d’aborder la traversée de l’Atlantique. « Le vent va continuer à mollir petit à petit. Nous devrions affaler le spi cette nuit pour naviguer au reaching sous petit génois jusqu’à Madère. Ensuite, il y aura quelques virements de bord à programmer pour atteindre la marque de parcours de La Palma. Cela ne va pas être simple mais pour l’heure on se focalise sur le moment présent, » conclut le skipper de Safran-Guy Cotten.
Source : Mille & une vagues