En faux-solo pour commencer
Si la Transat AG2R-La Mondiale se courre bien en double, l’objectif de Tanguy Leglatin, l’entraîneur de Gwénolé Gahinet est de le préparer dans l’exercice rigoureux du solitaire en Figaro. « Par expérience, le travail effectué pour une Solitaire du Figaro est plus pointu que pour une transat. En solitaire, tu n’as pas le droit de laisser passer de petits détails, cela demande beaucoup plus de rigueur. Cette préparation est parfaitement transposable à une transat, surtout dans le cas de Gwénolé dont c’est la première saison en Figaro. L’inverse est moins efficace. Sur une transat en double, les marins naviguent finalement peu à deux. Par exemple, ils ne se réveillent pas l’un et l’autre pour exécuter une manœuvre, il faut donc deux solitaires accomplis. C’est la clé de la réussite », détaille le coach du Pôle Lorient Grand Large qui accueille pas moins d’une dizaine de Figaro dans le cadre de ses entraînements.
Sur de longs bords ou de petits parcours, l’entraîneur veille à varier les exercices. « En janvier, nous avons essentiellement axé les entraînements sur les manœuvres et sur les réglages classiques du monotype. Les bateaux étant tous identiques, ceux-ci ont une incidence sur tout le reste. Pour cela, j’organise des « speed tests » afin que les coureurs se rendent bien compte que sur un bateau mal réglé, la vitesse est moins bonne et un virement de bord plus complexe à exécuter. C’est la problématique de la voile, où tout est interconnecté, poursuit Tanguy Leglatin, et, la semaine dernière, nous avons attaqué le travail sur la vitesse pure. Nous commençons d’ailleurs chaque journée par une course entre les différents bateaux afin que les équipages puissent s’évaluer les uns par rapport aux autres, en termes de vitesse. »
« Je prends enfin la mesure de mon bateau »
Paul Meilhat, dont ce sera la 3e participation à la Transat AG2R, participe à chacun des entraînements du Figaro Safran-Guy Cotten. Une valeur ajoutée précieuse pour Gwénolé qui bénéfice ainsi, en temps réel et sur l’eau, de conseils avisés de son co-équipier. La méthode porte ses fruits : après un mois d’entraînement, la complicité entre les deux marins est évidente et le duo de Safran-Guy Cotten bien dans le match ! « On progresse bien, nous sommes toujours dans les trois premiers en double ou en solo. Grâce à l’expérience de Paul, je ne suis plus dans l’apprentissage à proprement parler mais plutôt dans le travail du détail. Je commence vraiment à prendre la mesure de mon bateau. Je me rends compte que la rigueur est très importante à tous les niveaux : les placements sur l’eau, les réglages de mât, de voiles… Cinq minutes d’inattention, cinq degrés de réglage de moins ou de trop influent tout de suite sur le classement ! Paul va également réaliser avec moi les convoyages aller-retour de la Solo Maître CoQ en mars pour nous entraîner en double sur longue distance, » explique le skipper de Safran-Guy Cotten.
Gwénolé, Paul et… Jules !
Une transatlantique se prépare aussi… à terre ! Dans le cadre du Pôle Lorient Grand Large, Gwénolé Gahinet et Paul Meilhat naviguent trois fois par semaine, mais, en élèves appliqués, il n’est pas rare que les deux hommes ajoutent une ou deux sorties à leur planning déjà bien chargé. Et si les dépressions qui balayent les côtes Atlantique depuis plusieurs jours ont parfois contraint le duo à rester à terre, Jules Delpech, le nouveau préparateur du Figaro Safran-Guy Cotten entre alors en action !
Depuis la mi-janvier, Jules a intégré le projet en tant que préparateur sur l’ensemble de la saison de Gwénolé Gahinet. Son rôle : préparer le bateau, s’assurer que tout fonctionne et l’adapter aux attentes et aux besoins du skipper. Originaire de La Réunion, Jules a appris son métier aux côtés de Morgan Lagravière qu’il suit depuis ses débuts en Figaro. Trois années d’expérience qu’il met aujourd’hui au service de Gwénolé !
« Je connais ce bateau par cœur ! »
Quand l’équipage est en mer, il organise le planning technique, prépare le matériel de sécurité, vérifie les règles de classe, passe des commandes ou fait du matelotage. Et dès que le bateau est de retour au ponton, Jules démonte, remonte, passe le Figaro au peigne fin, rien ne lui échappe ! « J’aborde les choses un peu différemment qu’avec Morgan. Il y a trois ans, je découvrais le Figaro. Aujourd’hui, je connais ce bateau par cœur ! L’objectif pour Morgan était de remporter La Solitaire du Figaro, or cette année, les priorités de Gwénolé ne sont pas les mêmes. Je vais m’adapter à ses attentes et à sa progression au fil des épreuves. En tant que Bizuth, il faut lui laisser le temps de découvrir son bateau. Le but est de lui fournir tous les outils techniques pour réussir sans aller trop vite dans la recherche du gain de poids, par exemple. Calme, raisonné, en tant qu’architecte, il prend les problèmes dans leur ensemble et je suis sûr qu’il apportera de bonnes idées. Cette saison s’annonce passionnante ! »
Au programme du Figaro Safran-Guy Cotten avant la Solo Maître CoQ, mi-mars : deux nouvelles sessions d’entraînement de trois jours avec le Pôle Lorient Grand Large et un petit chantier technique de carénage de la coque et de vérification complète du mât.
Source : Mille & une vagues