La course aurait dû partir aujourd’hui mais finalement, elle partira demain matin à 9h. Vous me direz, pour quelles raisons repousser continuellement ce départ, alors que Gwénolé attend déjà depuis 10 jours dans le port de Sada ?
Il y a plusieurs raisons à cela :
Pour bien comprendre, il faut savoir que ce sont bien les skippers 6.50 eux-mêmes qui constituent la classe mini ; il y a Gweno et les 4 autres protos qui ont réussi à atteindre le port de Sada à temps… et il y a tous les autres (soit plus de 76 bateaux), ceux qui ont été envoyés à Gijon par l’organisation. Pour revenir à Sada, ces derniers ont dû convoyer dans des conditions très difficiles, cassantes pour les bateaux et épuisantes pour les hommes et leur moral. Avant hier, il restait encore presque 10 bateaux en mer.
Alors quand moins de 48 heures plus tard, on leur demande de repartir pour LEUR transat, une traversée de plus de 3 500 milles, soit de 3 semaines, voire 1 mois de course en solitaire, on se dit que ca vaut peut être le coup qu’ils aient tous une nuit de plus de sommeil, non?
D’autant plus que partir aujourd’hui signifiait aussi prendre la ligne de départ en fin d’après-midi, passer le finisterre de nuit, traverser le chemin de nombreux cargos, dans plus de 4 métres de vagues et avec des pointes de vent à 45 noeuds. Il suffit de mettre 75 ministes là dedans dont les 3/4 sont encore épuisés de leur convoyage, et on obtient… un "carnage" !
Alors oui, la direction de course a pris la bonne décision en décidant d’attendre demain matin pour envoyer les ministes prendre le départ de LEUR mini Transat !
Et du vent, ils en auront ; ils vont descendre "pleine balle" au portant dans 30 noeuds de vent bien établi vers les iles canaries ! Le tapis rouge est déroulé et Gweno a clairement hâte d’aller se "gaver de poudreuse" dans cette piste noire où les conditions seront idéales puisque le vent viendra de derrière pour gonfler son grand spi et va enfin lui permettre de surfer les vagues de l’atlantique !
Le programme s’annonce d’ores et déjà copieux pour l’ancien vainqueur de la Mini Transat 2011 en série qui espère pourtant renouveler l’exploit en prototype.
En tout, 3600 milles à parcourir de Sada à Pointe-à-Pitre (avec une bouée à virer aux îles Canaries), du vent fort de Nord-Est à affronter dès les premiers jours et un parcours piège jusqu’à l’arrivée estimée dans une vingtaine de jours. Pour sa dernière course en Mini, le skipper de WATEVER-LOGWAYS a de quoi en prendre plein les yeux… Pourvu que la course soit belle !
Heureux de partir
Gwénolé Gahinet : « Je suis content que la course parte. Tout s’est bien passé à Sada et la colocation avec Nicolas (Boidevézi), Bertrand (Delesne), et Julien (Pulvé) était sympa. Je n’ai pas vu le temps passé, on a fait notre vidéo (OrgaOutai) et j’ai pu fignoler la préparation du bateau. Nous entrons désormais dans la dernière ligne droite. Aujourd’hui, j’ai embarqué la nourriture et l’eau. Je suis beaucoup plus en confiance avec mon bateau qu’il y a un mois à Douarnenez. L’envie est là, c’est parfait ! »
Un parcours musclé
GG : « Demain à 15h, ce sera enfin la bonne ! Nous partirons dans du vent fort de Nord-Est. Cela annonce un run rapide jusqu’aux Canaries. Nous aurons d’abord quelques empannages à effectuer pour ne pas entrer dans la zone de séparation de trafic, avant de tirer un long bord bâbord au portant. Nous devrions ainsi atteindre les Canaries dans 3 jours et demi. Les conditions vont être sportives et intenses avec parfois du vent de 35 à 40 nœuds. Il faudra faire attention au matériel. Après les Canaries, nous devrions avoir encore du portant car l’anticyclone des Açores est bien installé. Sur la fin du parcours, par contre, c’est l’inconnu. Ce qui est sûr, c’est que je ne ferai pas de stop aux Canaries ! »
Une étape longue
GG : « L’étape sera longue, j’ai dû augmenter les quantités de nourriture et d’eau, et ajouter du matériel de rechange. Le bateau est rempli à ras bord. Dans un mini, tout ce matériel devient vite difficile à gérer dans un petit espace : il faut que tout soit au bon endroit. Sur la précédente étape, j’avais commis l’erreur de ne pas ranger tout de suite et je me suis retrouvé plusieurs fois bloqué pour dormir. Cette fois, je vais tout ranger. Mais ce format de course longue me va bien. »
Prendre soin du bonhomme
GG : « J’ai acheté l’essentiel pour rester en bonne condition comme de la crème solaire etc. Je crois que cela va être essentiel de prendre soin de soi et de rester en bon état car cette étape va être intense jusqu’au bout. »
Une guerre psychologique
GG : « La gestion des émotions va être un des éléments les plus important sur cette étape de 3600 milles. Sur la Transat précédente, cela avait été dur jusqu’au Pot-au-Noir mais on avait pu se reposer à la sortie avec un long bord de près tout droit en direction du Brésil. Là, ça ne sera pas du tout la même chose. On sera au portant, dans des grains avec des surfs à gérer, des transitions à négocier et une fin de parcours où tout pourra se passer. Cette navigation de 20 à 23 jours va solliciter nos ressources physiques mais surtout psychologiques. Les discussions à la VHF avec les autres concurrents participent à ce jeu. Il ne va pas falloir craquer et être dedans dès les premiers milles. »
Une régate ouverte
GG : « Jusqu’aux Canaries, on devrait rester à peu près groupé. Après, les routages donnent des options météo radicalement différentes avec des écarts de route Nord-Sud de plus de 400 milles. Le jeu s’annonce ouvert. »
Que la course soit belle
GG : « Je souhaite avoir un peu de chance et surtout ne rien percuter ! Pour le reste, j’espère que la course sera belle. Pour ma dernière en Mini, je sais déjà que cela va être une sacrée transat ! Finir ma saison sur ce gros morceau me fait super plaisir. Je vais en garder pleins de souvenirs ! »
Vidéo Reportage de Gwénolé à Sada : http://www.youtube.com/watch?v=MUMz_BxVmlk
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