« Jeune skipper talentueux propose une colocation de trois semaines sur le Figaro Safran – Guy Cotten : 10,15 mètres de long, 3,43 mètres de large et disposant d’une vue mer sur 360 ° ! Intérieur propre et clair, mais parfois humide, d’environ 6 m2 et de 1,75 mètre sous plafond, équipé de deux bannettes pour dormir et d’une petite cuisine ouverte sur la table à carte, décoration minimaliste… Claustrophobes s’abstenir. » Telle aurait pu être la petite annonce de Gwénolé cet automne. Depuis, le skipper du Figaro Bénéteau Safran – Guy Cotten a trouvé son « colocataire » de choc en la personne de Paul Meilhat. Si les deux marins se sont beaucoup entraînés ces dernières semaines, la Transat AG2R La Mondiale marque leur premier « tête à tête » en grandeur nature.
Des journées bien rythmées !
Cohabiter trois semaines en mer peut paraître long pour un terrien, eh bien détrompez-vous ! Le tandem de Safran – Guy Cotten est organisé par quarts de 1h30 à 3h00 selon les conditions. Si le marin dit « de quart » est exclusivement à la barre, l’équipier dit « de repos » ne l’est pas toujours : « Il faut préparer les repas que nous prenons ensemble et récupérer les fichiers météo au minimum quatre fois par jour. Nous établissons ensuite la stratégie à suivre. On a coutume de dire que pour former un bon duo, il faut deux bons solitaires à bord, mais nous allons tout de même passer beaucoup de temps ensemble notamment pour les manœuvres, » explique Gwénolé. « Je sais par expérience que la première semaine de course qui nous mène jusqu’aux Canaries est la plus sollicitante, avec une traversée du golfe de Gascogne souvent complexe. Il faut un peu de temps pour se mettre dans le bain et s’organiser, » ajoute Paul, qui a déjà participé deux fois à l’épreuve.
Le contact avec la terre
A bord, le quotidien est également rythmé par la réception des classements et par les obligations médias : vacations radio avec l’organisation et les partenaires, envoi de photos et de petits mots depuis le bord pour partager la course avec la terre. Si les marins passent beaucoup de temps à la table à cartes, la communication avec la terre est loin d’être évidente ! « Nous n’avons pas nos téléphones à bord, seul le téléphone satellite iridium nous permet de recevoir les fichiers météo et d’envoyer quelques photos en basse définition par email. Il n’y a pas de 4G sur l’Atlantique, le moindre envoi nous prend une bonne vingtaine de minutes, » précise Gwénolé Gahinet. A bord de Safran – Guy Cotten, Paul et Gwénolé embarquent également une caméra pour immortaliser les meilleurs moments de leur course et faire partager leur quotidien. Ces vidéos ne pourront pas être envoyées depuis le bord, ce sera donc l’équipe du bateau accompagnateur « Etoile » qui récupérera les cartes vidéo de temps en temps selon la position de Safran – Guy Cotten dans la flotte. « Nous enverrons les fichiers dans une bouteille d’eau vide bien étanche et le bateau suiveur la récupérera avec une épuisette ! »
Et le sommeil dans tout ça ?
Selon les périodes, les marins dorment entre 1h30 et 3 heures consécutives, mais parfois se reposer consiste aussi à s’évader et s’extraire de la course quelques précieuses minutes. « En double, nous dormons plus sereinement qu’en solitaire. Pour se changer les idées et s’endormir, le plus efficace reste la musique ! Nous avons chacun un iPod et des écouteurs en plus des deux enceintes qui sont dans le cockpit. Pour ma part, j’emmène des émissions de radio en podcast, » explique Paul. « Je suis un inconditionnel de Serge Gainsbourg, précise Gwénolé qui avoue ne pas avoir encore terminé sa playlist pour la Transat. J’aime le classique, la chanson française mais je ne suis pas fan du rock. » Pour optimiser le sommeil et ajouter un peu de confort aux spartiates bannettes, Gwénolé et Paul embarquent avec eux un oreiller et une couverture réalisée par la société Guy Cotten en polaire et feuilles d’aluminium.
A table !
La cuisine à bord d’un Figaro Bénéteau consiste en un simple réchaud à gaz situé à l’intérieur et à tribord du bateau. Du côté des ustensiles, une seule casserole et une bouilloire leur permettent de réchauffer leurs plats qui ne sont pas lyophilisés mais sous vide. « Nous avons des plats mixtes qui peuvent se manger froids ou chauds selon la température extérieure, explique Gwénolé. Nous avons eu un coup de cœur pour le petit salé aux lentilles qui est extra ! En plus des pâtes, du boulgour ou du riz, nous avons également des plats plus élaborés comme des cuisses de canard. » Et pour varier les plaisirs, les deux hommes emmènent quelques soupes, de la viande séchée des Grisons et un peu de fromage. En dessert, ce sera barres de céréales, fruits secs ou chocolat, une fois la petite réserve de fruits frais épuisée…
Le matériel pour la Transat
Nourriture, vêtements, matériel de sécurité, kit de réparation, pharmacie… Vivre en double dans un espace restreint où la notion de poids est importante nécessite une organisation soignée. En fonction de l’allure et de la force du vent, l’équipage peut « matosser », c’est à dire déplacer un certain nombre d’éléments pour répartir le poids sur le bateau afin d’améliorer sa puissance.
C’est le cas des quatre bidons de nourriture, des trois sacs de matériel technique et de sécurité qui pour l’essentiel seront rangés à l’arrière du bateau, le portant étant l’allure dominante sur la Transat. Gwénolé et Paul embarquent également un sac chacun avec leurs vêtements (cirés, polaires, shorts, T-shirt, casquette, lunettes de soleil) et leurs affaires personnelles (dont leurs papiers d’identité qui leur permettront de rentrer de Saint-Barthelemy). Les voiles qui ne servent pas peuvent elles aussi être déplacées au gré de la course.
En revanche, les cinq jerricans d’eau (20L) sous la table à carte, les deux containers de survie à l’arrière du cockpit, le mouillage léger, le bidon de gazole (20L) et les deux réserves d’eau sont plombés et ne peuvent être déplacés sous peine de sanctions à l’arrivée.
La jauge Figaro Bénéteau a des règles très strictes. Avant chaque départ de course et à chaque arrivée, les bateaux sont susceptibles d’être contrôlés de fond en comble par les jaugeurs qui veillent à l’équité de l’épreuve.
Liste non-exhaustive du matériel obligatoire sur la Transat AG2R La Mondiale :
– 2 balises AIS (Automatic Identification System) : elles permettent aux navires et aux systèmes de surveillance de trafic de connaître l’identité, la position et la route des navires en cas de besoin.
– 2 balises PLB (Personal Location Beacon) que les skippers auront toujours sur eux dans un sac « banane »
– 1 radeau de survie
– 1 bouée de sauvetage « Fer à cheval »
– 2 containers de survie contenant VHF, lampe électrique, miroir de signalisation, couverture de survie, 4 feux à mains rouges, 6 fusées parachute, 2 flash lights, 3 litres d’eau, 3 kilos de rations de survie, pharmacie, etc.
– 7 cartes marines papier
– 2 extincteurs
– 1 masque de plongée
– 1 corne de brume
– 1 boîte à outil contenant notamment 1 scie à métaux et 5 lames
– 3 seaux rigides dont 1 à usage de toilettes
– 1 lexique VHF (Very High Frequency) Français/Anglais
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Source : Mille & une vagues